Etude Ethos: rémunérations toujours élevées malgré l'initiative Minder

Dans cette étude sur les assemblées générales suisses en 2016, la fondation Ethos montre les limites de l'autorégulation. Si des progrès ont été réalisés depuis l'entrée en vigueur de l'initiative Minder, les rémunérations restent trop élevées.
Maintien de la pression sur les conseils d'administration
Lors de la saison 2016 des assemblées générales, le taux moyen  d'approbation des résolutions soumises au vote des actionnaires est  resté stable aux environs de 96%. De son côté, Ethos a recommandé  d'approuver 85% des résolutions. Selon Vincent Kaufmann, ces chiffres  relativement élevés ne doivent cependant pas cacher d'importantes  différences entre sociétés, entre sujets soumis au vote et entre proxy  advisors.
En effet, parmi les résultats les plus controversés on  note l'approbation du montant des honoraires du conseil d'administration  et des rémunérations de la Direction générale comme le prévoit  l'ordonnance d'application de l'initiative Minder. En particulier, le  taux de contestation a été élevé, dépassant même 40% dans différentes  sociétés où les rémunérations sont mal structurées ou trop élevées au  regard de la taille et de la situation économique de la société. De tels  votes constituent un signal important et contribuent à maintenir la pression sur les conseils d'administration.
Rémunérations toujours élevées malgré l'initiative Minder
En  2015, le montant global des rémunérations versées aux instances  dirigeantes des sociétés de l'indice SPI a augmenté de 2%. Les montants  absolus restent ainsi à des niveaux globalement élevés avec, pour les 20  sociétés de l'indice SMI, une moyenne de 7,2 millions de francs pour  les CEO et de 2,4 millions de francs pour les présidents des conseils  d'administration. Même la rémunération fixe a augmenté pour plus de la  moitié des CEO employés par la même société entre 2013 et 2015.
Le  lien entre l'évolution de la rémunération variable et la performance de  la société n'est pas systématiquement démontré. Par exemple, dans la  moitié des sociétés analysées où la marge opérationnelle a baissé, cette  baisse ne s'est pas traduite par une diminution du bonus. En revanche,  il est intéressant de constater que dorénavant 57% des sociétés du SPI  publient une limite à la rémunération variable ; dans la grande majorité des cas  cette limite ne dépasse pas trois fois le salaire fixe, ce qui est en  ligne avec les recommandations d'Ethos. Un autre point positif est que  de moins en moins de sociétés versent une rémunération variable à leur  conseil d'administration.
Manque d'indépendance dans de nombreux conseil d'administration
La  composition des conseils d'administration s'améliore régulièrement.  Vincent Kaufmann précise « l'indépendance des conseils d'administration  n'est cependant pas encore satisfaisante pour Ethos. En particulier, le  conseil comprend moins de la moitié d'indépendants dans 45% des sociétés  du SPI et dans 20% des sociétés du SMI ».
La représentation  féminine est en légère progression, mais se situe modestement à 14% dans  les sociétés du SPI (20% dans le SMI). Cela reste cependant bien en  retrait par rapport aux grandes sociétés des principales places financières européennes comme la France (37%),  l'Allemagne (27%) ou le Royaume Uni (27%). Par ailleurs, toujours près  de 40% des sociétés du SPI n'ont aucune femme au sein du conseil  d'administration, ce qui démontre que l'autorégulation a de la peine à  fonctionner dans ce domaine.
Egalité de traitement des actionnaires mise en cause
Finalement, l’étude se penche sur les différentes mesures de  protection mises en place par les sociétés. Ainsi, 15% des sociétés  disposent de plusieurs catégories d’actions avec des valeurs nominales  différentes, 23% ont une limitation pour l’exercice des droits de vote  et 28% prévoient une clause d’opting out* (ou d’opting up) dans leurs  statuts. Plusieurs sociétés disposent de deux ou trois des mesures  simultanément, ce qui peut représenter un risque pour les actionnaires.  En particulier, lorsqu’il y a simultanément plusieurs catégories  d’actions avec des valeurs nominales différentes et une clause d’opting  out (12 sociétés), l’acquéreur a la possibilité d’obtenir une majorité  des droits de vote avec une minorité du capital sans devoir faire une  offre publique d’achat à l’ensemble des autres actionnaires. Les  intérêts d’une grande partie des actionnaires peuvent ainsi diverger  avec ceux d’un actionnaire de contrôle qui souhaiterait vendre sa participation avec une prime dont il serait le  seul à bénéficier. Etude Ethos 2016 « Assemblées générales, rémunérations et gouvernance des sociétés du SPI »
  Etude Ethos 2016 « Assemblées générales, rémunérations et gouvernance des sociétés du SPI »
*  Une clause d'opting out libère celui qui acquiert plus du tiers des  droits de vote de l'obligation de faire une offre publique d'achat aux  mêmes conditions à l'ensemble des actionnaires.
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La société Ethos Services SA assure des mandats de gestion et de conseil dans le domaine des investissements socialement responsables. La société propose aux investisseurs institutionnels des fonds de placement socialement responsables, des analyses d’assemblées générales d'actionnaires avec recommandations de vote, un programme de dialogue avec les entreprises ainsi que des ratings et analyses environnementales, sociales et de gouvernance des sociétés. Ethos Services appartient à la Fondation Ethos et à plusieurs de ses membres.
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