Les Escapades de Natacha au coeur de L'OSEO

Natacha de Santignac, journaliste, blogueuse et voyageuse, part à la découverte des membres de la Chambre et vous propose de l’accompagner dans ses « petites escapades » au cœur de l’ESS, aujourd’hui à l'Oeuvre Suisse d'Entraide de Genève - OSEO

Des cours à l'OSEO, Œuvre suisse d'entraide ouvrière, de Genève

Longtemps, je me suis présentée devant des classes, aujourd'hui, j'inverse les rôles et je suis assise bien sagement à la droite de la formatrice de français. Il est 8h30, l'ambiance est studieuse. Les apprenants, des hommes et des femmes migrants, comparent leurs réponses aux exercices et s'entraident. Le sujet du cours : les différents formes de questions (familière, standard, formelle), cela me rappelle des souvenirs. Tour à tour les apprenants modifient les questions d'une forme à l'autre. Par exemple : "Où est-ce que tu habites?" devient "Tu habites où?" puis "Où habites-tu?". La chanson des Barbapapa me traverse l'esprit : "Ils se transforment à volonté, courts, longs, carrés". C'est curieux qu'une situation évoquant l'enfance me remette en mémoire des chansons de cette époque. Je suis une élève dissipée! Heureusement que tout le monde n'est pas dans les nuages! La participation ne s'impose pas comme énergique, il est tôt. Je ressens beaucoup de timidité, cependant tous les participants sont de bonne volonté et jouent le jeu. La flexibilité de la reformulation arrive petit à petit grâce aux encouragements de la professseure conjugués à la patience de l'auditoire. Le fameux "est-ce que", bien que simplifiant la gymnastique de la syntaxe suscite beaucoup d'interrogations. Je me souviens que je ne l'enseignais pas au sein de mes cours, car j'avais remarqué que la formule, tellement martelée à longueur de journée, était assimilée rapidement. Il apparaît néanmoins important de l'aborder lorsque l'enseignant veut contraster les niveaux de langues. Je le retiens!

 

Après un cours focalisé sur l'écrit, je change totalement d'ambiance et suis plongée dans une session "comportementale". Les codes du savoir-vivre sont certes très différents en Suisse, même pour une Française, alors imaginez pour une personne venant du Kosovo ou du Brésil : électrochoc garanti! Lorsque j'arrive, le formateur est en train de demander pourquoi le savoir-être est important. Le niveau des participants est plus avancé dans ce groupe et les réponses fusent, colorées d'accents venus des quatre coins du monde : "Pour s'intégrer", "Pour éviter les problèmes", "Pour assumer ses actes"... On compare les usages d'ici et d'ailleurs pour se saluer entre hommes, entre femmes, entre personnes de sexes opposés, ou de positions sociales différentes : beaucoup de similitudes, à coup sûr, mais aussi de nombreuses disparités. Le tout dans la joie et la bonne humeur! Les jeux de rôles se succèdent et il est intéressant d'observer comment ils révèlent les personnalités des uns et des autres. Je participe volontiers, ce qui permet au formateur de rebondir sur le vouvoiement que nous utilisons spontanément, car nous ne nous connaissons guère. D'un commun accord, nous utilisons le "tu", encore un exemple concret pour le groupe. Voilà l'heure de la pause, je m'éclipse, d'autres rendez-vous m'attendent au sein de l'OSEO Genève.

 

Une volonté de formation pour tous, y compris le personnel

Travail et intégration sont les deux clés de voûte de l'OSEO Genève. Ils se déclinent en trois pôles : insertion, placement et formation. Ce dernier est constitutif de l'identité de la structure et s'adresse à des jeunes, des personnes peu qualifiées, des migrants mais aussi des cadres. Les formations offertes couvrent un panel très large car l'objectif principal se concentre sur un retour à l'emploi. On trouve par exemple des cours "remise à niveau" (math, français, culture générale), "citoyenneté et vivre en Suisse", "développement de son réseau professionnel", "Bilan de compétences", "Techniques de recherches d'emploi", etc. Mais l'OSEO Genève ne s'arrête pas là. Elle travaille d'arrache-pied depuis 2002 pour mettre en place des projets ambitieux dont les chiffres de l'année 2014 parlent d'eux-mêmes : 9160 entretiens individuels menés, 3200 semaines de stages effectuées au sein de 417 entreprises, 33% des personnes ont retrouvés un CDI et 38 un CDD. La mission est accomplie, les résultats sont là. Il en est de même au niveau de la Suisse dont la structure nationale fête ses 80 ans cette année.

 

L'OSEO Genève n'oublie pas les personnes qui contribuent chaque jour à sa réussite, elle sait que la formation représente un outil essentiel, et ses employés en bénéficient largement, car c'est sans conteste, "un plus pour la structure" selon Christian Lopez Quirland, son directeur. Un grand plus, deux pour cent de la masse salariale y sont consacrés. L'objectif : permettre aux employés, qu'ils soient formateurs, conseillers en insertion, ou secrétaires par exemple, d'acquérir des outils leur permettant d'être plus efficaces dans leur travail, mais aussi d'approfondir les relations avec des institutions partenaires tel que l'Hospice Général ou de cultiver l'esprit d'équipe. Corinne, conseillère en insertion m'explique que lors de formations communes "on est amené à voir les problématiques dans leur ensemble. On comprend mieux le travail de chacun dans le processus".

La responsable de la formation insuffle le mouvement en mode dynamique, mais tout un chacun peut aussi suggérer des thèmes ou des orientations. Chaque proposition sera examinée. La Convention Collective de Travail prévoit d'ailleurs dix jours de formation par an. Inutile de vous dire que le personnel est très preneur. Les sujets sont vastes : Communication Non-Violente, logiciels informatiques, confiance en soi, team building, critères d'évaluation des apprenants, etc. Tous les services sont concernés. Les formations sont aussi des moments de partage durant lesquels de nouveaux liens se tissent, créant ainsi d'autres rapports de travail. Ces relations acquièrent une plus-value incontestable, notamment au sein des groupes de travail de l'OSEO Genève, en effet, les personnes se connaissant mieux, se sentent plus à l'aise pour partager idées et compétences.

La formation représente un réel enjeu, et avec une politique égalitaire entre collaborateurs, l'OSEO Genève en récolte les fruits depuis 2002 avec brio! Un scénario gagnant-gagnant pour toutes les parties.

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