Mobilisation contre les tests de médicaments non-éthiques

La campagne lancée par la Déclaration de Berne, a permis de réunir plus de 13'000 personnes qui ont demandé au Ministre de la Santé d'agir contre les tests de médicaments non-éthiques.

La préparation « Berseticum forte » de la Déclaration de Berne (DB) a déjà déployé ses premiers effets au sein de la population en Suisse. 13’017 personnes ont demandé au Ministre de la Santé Alain Berset de renforcer les contrôles des essais cliniques délocalisés au niveau de l’agence du médicament Swissmedic. A l’occasion de la remise de ces pétitions, des ballons à l’effigie d’Alain Berset ont été lâchés aujourd’hui sur la Place fédérale, porteurs du message suivant : il faut davantage que des vœux politiques pour mettre fin à l’exploitation, par les compagnies pharmaceutiques, de cobayes humains dans les pays en développement et émergents.

Pour des raisons stratégiques ou par souci de rentabilité, les pharmas – parmi lesquelles les suisses Roche, Novartis et Actelion – mènent de plus en plus leurs tests de médicaments dans les pays en développement et émergents. Cette délocalisation des essais cliniques, très opaque, s’accompagne de graves violations éthiques. La DB a documenté ces abus et demande au Conseiller fédéral Alain Berset d’agir auprès de Swissmedic, l’autorité en charge de délivrer les homologations de médicaments en Suisse, pour mettre un terme à ce scandale.

La campagne, lancée en septembre dernier, a permis de mettre en lumière les conditions problématiques dans lesquelles les tests de médicaments sont menés et d’inscrire la question de la mondialisation des essais cliniques à l’agenda politique suisse. Des instances et experts éthiques suisses – comme la Commission cantonale d’éthique de Zurich – reconnaissent le problème et se prononcent en faveur d’un renforcement des mesures. Les quelque 13'000 signatures déposées aujourd’hui au Département fédéral de l’intérieur (DFI) soutiennent également les revendications de la campagne (voir ci-dessous). Pour que des médicaments testés dans des conditions éthiques douteuses ne soient pas commercialisés en Suisse, davantage de contrôles et de transparence sont nécessaires au niveau de nos autorités. En tant que responsable politique de Swissmedic, Alain Berset peut agir pour des essais cliniques éthiques, en inscrivant des contrôles plus sévères dans le mandat de prestations du « gendarme du médicament », sur la base par exemple des développements en cours au sein de l’Union européenne.

Le Conseil fédéral a entamé des discussions avec les autorités concernées, comme annoncé il y a peu par le chef du DFI dans sa réponse à une question du Parlement. Une prise de position plus circonstanciée sur une interpellation du Conseil national devrait suivre lors de la session d’hiver du Parlement, qui débutera lundi prochain. On saura alors si de nouvelles dispositions concernant des contrôles plus stricts et transparents au niveau de Swissmedic sont prévues. D’ici-là, les compagnies pharmaceutiques, suisses comprises, continueront d’enfreindre les règles éthiques, en toute impunité : irrégularités dans l’obtention du consentement éclairé, usage abusif de placebo, arrêt du traitement à la fin de l’essai clinique ou encore absence d’engagement à fournir des compensations en cas d’effets secondaires graves. Swissmedic doit évaluer le respect des standards internationaux de manière plus sévère et conséquente.

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