Les petits commerces écolos prennent l'eau

Trois boutiques genevoises à l’orientation écologique vont fermer leurs portes coup sur coup dans les prochaines semaines

 


Trois petits commerces vont, dans les prochains jours, fermer leurs portes. Ils partagent tous un modèle d’affaires commun: une orientation écologique, sociale et économiquement responsable.
Est-ce le désamour des clients genevois pour la consommation éthique qui les a condamnés ou ces boutiques subissent-elles la crise généralisée du petit commerce dans le canton?
Pour Fabrice Calame, le fondateur de Point éco, l’un des magasins condamnés qui vend des objets et des accessoires design et technologiques verts, les difficultés proviennent notamment de la taille du canton, trop petit pour ce type de commerce.
«Genève est une fausse grande ville. Pour nos types d’activité, assez atypiques, la surface de clientèle est trop étroite. Nous nous adressons à des clients avec plus de moyens puisque nous pratiquons des prix un peu plus élevés, détaille-t-il avant de continuer. Mais ici, les bobos, quand ils ont de l’argent, sont beaucoup plus bourgeois que bohèmes. Ils préféreront acheter un carré Hermès plutôt qu’un habit plus original et éthique.»
Le coût du loyer a aussi été l’un des facteurs de l’arrêt de son activité, un problème partagé par Benoit Fanin qui a créé en 2007 Heartical, une boutique de vêtements écologiques, alors qu’il était encore étudiant.
«Jusqu’ici, nous partagions le loyer entre plusieurs commerces, ce qui me permettait de ne payer que 1500 francs par mois, un montant compatible avec mon activité. Le bail n’a pas été renouvelé. J’ai cherché autre chose mais je ne peux pas mettre plus de 2000 francs. A ce prix à Genève, on ne trouve rien.»
Plus généralement, le niveau des charges semble peu compatible avec des activités économiques sociales et solidaires.
Inez Azevado avait reçu il y a sept ans le prix du développement durable pour son projet Laundrenet, un salon lavoir doté de huit ordinateurs. Elle va pourtant fermer ses portes à la fin du mois de février en raison justement des charges qu’elle juge disproportionnées.
Les trois protagonistes auraient souhaité poursuivre leur activité indépendante mais dans un contexte de crise particulièrement aiguë pour ce genre de petits commerces, dans un segment de marché très particulier avec en plus d’autres objectifs que la simple profitabilité tout en ayant des charges élevées pour leur taille, les chances de succès se réduisent fortement.
Ces exemples d’insuccès, dans un secteur qui a pourtant le vent en poupe, montrent que les conditions de survie des petits magasins indépendants au centre-ville sont difficiles. Etre sur un créneau porteur ne suffit pas.

 

A propos

Date de parution:
lun, 20.02.2012 - 13:23
Source: 
Journal Tribune de Genève 20.02.2012
Thématiques: 
ESS

Partager