Le revenu de base, un nouveau contrat social ?

17ème Café des bonnes pratiques des organisations de l'ESS, 4 mai 2010

Introduction  

par Bernard Kundig, de chez Basic Income Earth Network-Switzerland

Le revenu de base ou allocation universelle devient par la situation globale de nos assurances sociales une question qui interpelle. B.I.E.N, membre d’APRES-GE, défend l’idée qu’elle est la solution, la réponse à notre système de sécurité sociale. Fou serait celui qui prétendrait que notre système actuel répond de la manière la plus adaptée aux besoins actuels de notre société! Cependant les alternatives adaptables au terrain et ayant fait leurs preuves ne sautent pas aux yeux non plus. Ou disons plutôt que celui qui s’y intéresse, trouve matière à réflexion, mais l’information peine cependant a être entendue du grand public. Pourtant, il semble que différentes zones économiques se rapprochent de la proposition que fait B.I.E.N. Par exemple en Alaska où un fonds permanent a été créé afin de pouvoir redistribuer une somme considérable annuellement à ses résidants.

Economiquement il faudra trouver une solution. Ce 17ème Café des bonnes pratiques a eu pour but de susciter la réflexion parmi ses participants ainsi que de partager différents points de vue, sur la base, notamment, des questions suivantes :

 

  • Dans le cadre de votre structure, quel serait l’impact d’un revenu de base ?
  • Si vous receviez de l’Etat 2500 CHF inconditionnels par mois, auriez-vous les mêmes motivations professionnelles ? La même attitude face au travail et à l’emploi ?

 

Synthèse

 

Présents :  10 personnes, dont 4 du comité de B.I.E.N, 3 membres individuels d’APRES, un observateur extérieur a l’ESS, 2 salariés d’APRES.   

La rencontre à commencé par une présentation générale de la thématique de B.I.E.N et du revenu de base, par son vice-président Bernard Kundig. 

Une fois la présentation terminée, des questions ont vite fait surface, plus spécifiquement sur les différents modèles financiers qui permettraient la mise en œuvre des idées présentées. Des modèles ont donc été présentés. Nous n’entrerons pas dans les détails des ces derniers, ce d’autant plus qu’ils seront disponibles dans une future publication. Un projet de livre est en cours. 

Nous relèverons que B.I.E.N précise que les deux axes qu’ils défendent à travers leur concept économique sont la sécurité et la liberté. 

 

  1. Une sécurité qui s’exprimerait, par projection, dans les possibilités financières de tout un chacun, soit un accès plus facile, pour tous, aux soins, à la formation ainsi qu’à diverses activités, qui aujourd’hui sont réservées à un public de classe moyenne. 
  2. Une liberté, qui prendrait forme essentiellement quant aux choix de l’activité professionnelle, c'est-à-dire qu’une personne bénéficient d’une somme fixe par mois aurait plus tendance, ou disons plutôt, aurait la possibilité de s’intéresser a une activité plus proche de ses intérêts, du fait que son minimum vital serait fourni par sa rente.

 

La suite du débat a porté sur des interrogations de fond. Principalement autours de ce que provoquerait une telle mesure au sein de la population. Des questions telles que : 

 

  1. Quelles seraient les motivations des personnes, combien d’entre elles profiteraient du système ?
  2. Est-ce que cette mesure constituerait un pont vers l’ESS, ou au contraire renforcerait-elle le modèle actuellement dominant (néolibéral) de notre économie ?
  3. Comment faire pour passer de notre mode de vie actuel à celui que le revenu de base suppose (frugalité dans la consommation, participation sociale souhaitée, redéfinition du rôle du travail) ? 
  4. Le modèle du revenu de base suppose-t-il la décroissance ?
  5. La société capitaliste marchande est fondée sur la philosophie individualiste. Le modèle du revenu de base rompt-il ce lien avec l’individualisme méthodologique et prône-t-il un retour aux valeurs primordiales de la collectivité, où favorise-t-il au contraire une société hyper-individualiste ?
  6. Certains pensent que le rôle du travail comme marqueur social, comme source d’identification pour soi et pour les autres, reste central dans la vie sociale à l’époque actuelle du libéral-productivisme (Dominique Méda, Travail : la révolution nécessaire, éditions de l’Aube, février 2010). Tandis que le libéral-productivisme a entrepris un massacre en règle du travail, il faudrait selon eux réhabiliter le travail pour qu’il retrouve ses propriétés valorisantes. Au contraire, le modèle prôné par le revenu de base libère l’individu (l’émancipe) du travail puisqu’il n’en a plus besoin pour vivre. Il le relègue au 2ème rang. Par quoi va-t-il le remplacer comme marqueur social, comme repère pour se situer dans la collectivité et s’y faire reconnaître ?

 

Bien entendu, dans le court laps de temps du Café, le débat n’a fait qu’effleurer les réponses à ces questions. Il ressort du débat qu’énormément de paramètres sont encore à définir avant une éventuelle mise en œuvre d’un tel projet. De plus, on ne voit pas bien quelles pourraient être les forces sociales susceptibles de porter le projet et de le faire adopter contre l’opposition massive des forces conservatrices de nos sociétés. Cela dit, cette franche utopie (revendiquée comme telle) permet de poser de vraies et fondamentales questions, à l’instar de l’ESS. C’est peut être cela, à l’heure actuelle, qui les rapproche le plus.

Pour en savoir plus : site web B.I.E.N. :www.bien-ch.ch 

 

A propos

Date de parution:
mar, 04.05.2010 - 06:00
Thématiques: 
Politiques publiques/lois

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